•  

     

    avarice

    Ah, le bonheur ! Etre princesse de Argentia a ses avantage, je suis bien obligée de l’avouer. Pelotonnée dans mes draps de soie et de satin blanc, je regardai les servantes qui s’activaient autour de moi, pauvrement vêtues. Les rideaux s’écartèrent brusquement et de la fenêtre ouvertes s’éleva une clameur. Je me saisissais de mon oreiller et le jetais en espérant atteindre la fenêtre, mais, plus ouverte que je ne l’avais supposé, l’oreiller valsa et j’entendis quelqu’un, sûrement un charretier, jurer. Je grimaçais et apostrophai une des servantes:

    -C’est quoi tout ce raffut dans la cour?

    L’une d’elles osa me répondre, quoi d’une petite voix. Elle croyait quoi? Que j’allais la dévorer, je laissais ce soin aux ogres qui peuplaient les montagnes d’extrême nord. Je ne saisis qu’un seul mot, un mot que j’avais pris soin de bannir de mon vocabulaire : surprise.

    -Comment sa une surprise?

    -Oui, reprit elle. C’est votre anniversaire, me rappela-t-elle en me tendant mes pantoufles en peau de la pin.

    -Je sais parfaitement que c’est mon anniversaire, je n’ai pas besoin de toi pour me le rappeler. La richesse fait l’intelligence, tous le monde le sait. Et il n’est pas nécessaire de rappeler que je suis la plus riche et donc la plus intelligente.

    Je vis au yeux de la servante que je l’avais vexée, tant mieux.

    -Ma fille! Debout, on a une surprise pour toi !

    -Mère, je déteste les surprises, hurlai-je. Sans même un signe de ma mère, les servantes prirent toutes la poudre d’escampette, et sans demander leurs reste qui plus est. Mes colères étaient célèbre dans le royaume tout entier. Pourquoi? Je l’ignore. Elles ne me paraissent pas si grave à moi.

    -Je le sais bien mon cœur mais …

    -Je veux pas de mais. Et bien résolue à montrer que la discussion s’arrêtait là, je tournai les talons et me dirigeais vers la salle de bains avant de me mettre à hurler après les servantes, en constatant que mon bain n’était pas prêt. Bon sang, on les payait assez cher pour qu’elles devance le moindre de mes désirs. Je faisais part de mon opinion à ma femme de chambre principale. Une fois vêtue de la robe que je préférais, celle tissée en fil d’or offerte il y avait un an de cela par un prétendant éconduis, je rejoignais mes parents dans leur cabinet de travail. Et là, surprise ! Le fameux prétendant éconduis se trouvait face à eux, avec une tasse de café dans ses mains.

    -Ma demoiselle je suis ravie de constater que ma robe a remporté vos suffrages, contrairement à moi.

    -Je crois que je vais bientôt l’offrir à ma servante, il est vrai qu’elle n’est pas digne de moi. Enfin, je vous remercie de l’avoir ouvert les yeux, mes esclaves sont mieux habillées que moi. Votre présence aura eu au moins ce mérite. Vous pouvez retournez chez vous dès maintenant.

    -Alors, allez préparez vos bagages dès maintenant.

    -Pardon?

    -Ma chérie… Je te présente ton époux actuel. La cérémonie aura lieu dans quelque jours.

    -QUOI? J’espère que c’est une plaisanterie !

    Sans même m’en rendre compte, j’avais hurlé. Il m’avait présenté comme le prince le plus pauvre du coin. Il était hors de question que je l’épouse. Je valais mieux que lui. Je me tournai alors vers ce prétendant… pardon mon époux, lorsque je l’entendis rire doucement.

    -Ma fille…

    Je me tournai vers mon père, pleine d’espoirs, qui ne se concrétisèrent pas.

    -Je ne veux pas entendre de protestations, tu as repoussée tous tes prétendants, je n’ai donc pas d’autre choix que de te marier de force. Ca ne me plaît pas plus que cela.

    Hypocrisie !

    Je tournai les talons aussi dignement que je le pouvais mais une fois la porte refermée, je me mettais à courir aussi vite que le permettait cette robe désormais encombrante. Excédée à force de me prendre les pieds dedans, je déchirais le fin tissus. Les courtisans me regardaient avec un ébahissement qu’ils ne cherchaient pas à dissimuler. En arrivant dans ma chambre, je prenais un sac et rangeai les rares pantalon d’équitation non rebrodés dans un vulgaire sac de toile. Mon Dieu, pas à dire, je préférais de loin les équipées de diplomaties de mon père. Une servante entra à ce moment sans même frapper. Stupéfaite par tant d’audace je me stoppai net.

    -Je suis désolée, Majesté de vous déranger mais si vous souhaiter quitter le palais en toute tranquillité sans même que vos parents ne s’en rende compte, je vous conseille d’attendre je retourne dans la modeste maison que j’occupe.

    -Et comment justifieras-tu que tu sors accompagnée d’un homme? Ceux du château ne se fréquente pas de manière visible.

    -Mais qui vous a parler de passer par la porte principale. Je ne pensais pas du tout à sortir de cette manière là.

    -Et pourquoi tu veux m’aider?

    -Je déteste le mensonge alors voici la vérité. Vos servantes seraient ravies que vous découvriez le monde de la pauvreté. Nous en avons marre de votre caractère de petite fille trop gâtée.

    -Sors de là, je ne permet pas que l’on me parle sur ce ton là.

    -Bien alors faites comme vous le souhaitez, nous nous reverrons dans environ une heure, je vous en donne deux au maximum.

    Elle avait raison. Comme toujours, cette peste avait toujours raison sans même le vouloir. De frustration je lançais une cafetière dans sa direction. Mais elle ne bougea pas. Et pour cause je me rendis compte que je l’avais amplement manquée. Non, je n’étais vraiment pas doué pour viser.

    -C’est bon, tu as gagné, j’attendrai, mais à la condition que tu viennes avec moi.

    -Ne vous inquiétez, c’étais prévu comme ça. Votre avarice vous pousserez à vous laissez mourir de faim ou à vous empoisonnez. On veut vous faire connaître la vie, pas vous l’ôter.

    « Avare », le mot me semblait tellement loin de moi que je ne relevais pas. En même temps, son effronterie me surprit. Bon sang, on la disait discrète, mais elle savait faire entendre ce qu’elle pensait des autres.

    -Bon allez rejoindre vos parents ou ils vont de doutait de quelque chose. Je m’occupe de vos affaire.

    La journée s’étira en longueur quand vint enfin l’heure de ma préparation pour mon annonce de fiançailles. Je regagnai ma chambre, angoissée. Et si quelqu’un nous avait entendu et qu’elle avait abandonné. Mais non, non seulement elle avait finis mais les autres servantes l’aidait elle à préparer les derniers préparatifs. Un doute m’assaillit.

    Oui, tu a été odieuse avec elles, c’est pour ça qu’elles t’aident actuellement.

    -Mettez ça, m’ordonna-t-elle en me lançant un T-shirt masculin, un pantalon et des bottes d’équitation.

    -Et mes cheveux?

    -Je reviens, nous allons les couper.

    Curieuse je lançai sans réfléchir :

    -Pourquoi tu n’es que servante, tu as une autorité qui ferait beaucoup de bien à tes supérieures.

    Elle sourit. Sacrément belle avec un sourire.

    -C’est ça le problème, j’ai trop de caractère. Je suis incapable de me plier aux exigence des codes et autres idioties de la noblesse.


    3 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique